Pour la communauté internationale dès que le mot Khmer est prononcé, les gens font référence aux "Khmers Rouges". C’est un raccourci trompeur car l’histoire du peuple khmer commencerait au 1er siècle avant JC et connut son apogée entre le IXème et le XIIIème siècle, comme en témoigne le site d'Angkor.

Mais le Cambodge avant Avril 1975 était d'abord un pays doté de fibre artistique et culturelle pour lequel les cambodgiens rayonnaient dans pratiquement toutes les disciplines.

Si le tandem Saing Sarun & Chék Mach régnait sans partage dans le théâtre Basak, ils étaient beaucoup plus nombreux dans le théâtre moderne dont les plus connus : Mao Bun Thorn, Nhek Sokhom, Huoy Meas, Meas Kok, Yok Kèm...

Nous connaissons Mandoline, Suy, Ta (By) Saluoth...mais nombreux sont ceux qui ignorent leur histoire. Tout simplement leurs talents faisaient de notre comédie traditionnelle "Ayay Roeung" une discipline admirable notamment de la part de la classe populaire du pays.

Cependant, si l’on demande à tous les cambodgiens de citer leurs idoles préférés sans tenir compte de leurs croyances politico-religieuses ou de leur âge, la réponse attendue sera sans doute la suivante :

Le duo que Sin Sisamouth formait avec Ros Serey Sothea reste un modèle légendaire dans l'univers de la musique.

Véritable fierté nationale, le mythe Samouth & Sothea est toujours bien vivant dans le cœur de tous les cambodgiens, plus de 40 ans après leur disparition.

Les deux stars nous ont laissé d’innombrables patrimoines culturels et en tenant compte des circonstances tragiques dans lesquelles elles nous ont quittés, le tandem Samouth & Sothea représente en toute vraisemblance pour le Cambodge une icône encore inégalé à ce jour dans un autre pays.

Hormis ces deux stars au sommet, le Cambodge comptait dans le domaine de la musique et de la chanson une vingtaine de chanteurs et autant de chanteuses dont les plus connus : Pèn Roan, Huoy Meas, In Yeng, Ung Sonseum, Sos Matt, Ung Nary, Chea Savoeun,Meas Hok Seng, So Savoeun...

Et quelle était la place de ce pays, s’agissant du 7ème art durant l’âge d’or ?

Dans les esprits occidentaux le mot cinéma est le plus souvent associé à américain ou européen. Si le cinéma chinois ou japonais a réussi à percer, si Bollywood a acquis une réputation mondiale, on oublie trop souvent que d'autres pays ont aussi connu leur Âge d'Or. Le Cambodge par exemple disposait d’une industrie cinématographique florissante entre 1960 et 1975.

En 15 ans de productions, le Cambodge revendiquait une filmographie riche de près de 500 titres. Et contrairement aux idées reçues, les descendants des bâtisseurs d’Angkor produisaient autant de films en 5 ans de guerre qu'en 10 ans de paix.

Bien que la "Storyline" trouvait souvent la limite dans le cinéma khmer et a besoin d’être recadrée en raison de sa monotonie,  l’énorme talent de nos acteurs et actrices tendait à l'effacer. Résultat : le poids du cinéma khmer durant l’âge d’or des années 60-70 était d’autant plus écrasant que durant cette période de guerre, le seul lieu de distraction pour les jeunes et moins jeunes, était le grand écran dans des salles obscures.

Au-delà de l'œuvre talentueuse des comédiens, du savoir-faire des réalisateur, notre septième art doit sa fierté à nos chers chanteurs, chanteuses et compositeurs emmenés par Sin Sisamuth, Ros Sérey Sothea, Pèn Roan, Huoy Meas, In Yéng, Ung Song Seum, Sos Matt, Ung Nary…Voy Ho, Has Salân, Mae Bun, Peov Sipho… qui ont largement contribué à valoriser ce segment de notre patrimoine culturel, via quelques milliers de chansons cinéma de très haut niveau.

Outre l'hommage que nous devons rendre à nos éternelles stars ( acteurs, actrices, chanteurs, chanteuses et autres artistes de tout genre ) qui ont perdu dans l'atrocité leurs vies durant ces temps obscurs, c'est dans l'esprit de sauvegarder ce qui reste après la destruction d'une part et d'autre part d'offrir à tous les amoureux du cinéma khmer une rétrospective nostalgique, que le présent blog a vu le jour.

Il s'agit d'un cinéma qui est né, a explosé pour finalement disparaitre en plein vol. Rappelons que la destruction par les KR de notre patrimoine cinématographique était particulièrement massive. Presque tout a été anéanti, seuls une trentaine de films sont rescapés, mais dans un état lamentable pour certains.

Bien que largement détaillées, les informations diffusées restent à être finalisées. Vos avis confirmatifs ou contradictoires permettront de davantage fiabiliser ce blog évolutif.

Nous en appelons pour les besoins de la bonne cause, à toutes les bonnes âmes de la génération 50-60 ans qui se souviennent encore de quelques choses sur le cinéma khmer, notamment sur la biographie, le parcours des acteurs ou actrices, le titre du film non mentionné, l'appartenance d'un film non identifiable, les stars non citées interprétant les films mentionnés, l'origine d'une chanson non répertoriée... de se manifester en vue de communiquer des renseignements crédibles et utiles permettant de compléter les cases manquantes.

Merci à tous et bonne visite !

Paris, le 14 Avril 2010

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